Ici Serge Bouchard : Hommage littéraire à un grand disparu

Quand je parle et j’écris, rendant compte de mes ultimes dérives et explorations, les gens lisent et m’entendent, ils savent très bien jusqu’où je suis allé, ils savent très bien d’où je reviens. Rien qu’à lire, on voit bien.

Serge Bouchard, L’Allume-cigarette de la Chrysler noire (Boréal, 2019)

Anthropologue, homme de radio, conférencier, Serge Bouchard était avant tout un écrivain. Seul ou avec Bernard Arcand et Marie-Christine Lévesque, il a publié de nombreux essais, des recueils et même des bestiaires. La lecture fut pour lui une drogue tout comme l’étaient la route et l’histoire. Il s’est intéressé tout autant aux Premières Nations, à la franco-américanité et à la nordicité qu’à ces lieux communs qui marquent notre quotidien. 

Le FIL a choisi de rendre un hommage littéraire à cet essayiste digne héritier de Montaigne « le philosophe de la joie et du jouir », fin connaisseur de Jankélivitch dont il aimait l’ironie et grand lecteur de tant d’autre penseurs et philosophes. Écrivain inclassable, et certainement l’un de nos prosateurs les plus originaux, il était aussi poète à ses heures. 

Tous ceux et celles qui ont un jour croisé Serge Bouchard, parlent de son humanité et de sa capacité à s’intéresser à l’autre : à ses envies, à ses défis et à ses passions. On parle de lui, et avec raison, comme d’un sage. Il manque aujourd’hui terriblement tout autant à ses camarades qu’à ses lecteurs et lectrices.  Lors d’une de ses dernières entrevues, accordée à La Presse, en janvier 2021, il déclarait : « On va découvrir que le monde a changé autour de nous, tout ce qui touche la sociologie moderne : le travail, l’économie, la créativité, l’amitié, les voyages… Il y aura des dommages collatéraux. Ce sera une année très dure de découvertes qui va faire suite à une année de cul, disons-le. […] Bref, ce ne sera pas un conte de fées. Il va falloir être solidaires. » 

C’est en effet une année de cul marquée par le départ, entre autres, du mammouth laineux. Le temps d’une soirée, nous avons voulu être solidaires, tel qu’il le souhaitait, avec ce remarquable disparu. 

Avec Jean-Philippe Pleau, Marie-Michèle Giguère, Pascale Montpetit, Mark Fortier et Catherine Voyer-Léger
Production du Festival international de la littérature (Montréal), 2021

Ce spectacle est commandité par le Collège Boréal.