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Carreaux de plafond de l’École Saint-Louis-de-Gonzague

1915 Plafond de la Librairie-boutique

Remarquablement, Sudbury a bâti cette grande école élémentaire francophone en dépit du Règlement XVII qui interdisait l’enseignement en français en Ontario à l’époque. Connue aussi comme « l’école Centrale », elle a accueilli des milliers d’élèves pendant 85 ans. 


École St-Louis de Gonzague

1915-2000

Ouverte le 23 janvier 1915, l’école St-Louis-de-Gonzague, communément appelée l’école Centrale((Selon les Archives du Grand Sudbury, de 1915 à la fin des années 1920 ou au début des années 1930, l’école s’appelait Centrale. Ce n’est qu’en 1934 que le nom de St-Louis-de-Gonzague apparaît dans les documents.)), c’est plus qu’un édifice fait de bois, de pierre, de brique et de mortier.

Construite sur une fondation de béton et revêtue de briques rouges achetées de la Sudbury Brick Company, l’édifice avait deux niveaux. Au rez-de-chaussée se trouvaient six salles de classe, le bureau de direction et un bureau pour les enseignantes et les enseignants. Le premier étage avait aussi six salles de classe ainsi qu’une bibliothèque. L’intérieur était fini en chêne doré, les planchers et les escaliers en bouleau. Une section additionnelle de deux étages a été construite au nord de l’édifice entre 1915 et 1935 sans qu’on ne connaisse exactement la date. Un nouveau gymnase a été ajouté en 1994, soit six ans avant sa fermeture en 2000((Létourneau Heritage Consultant Inc., Cultural Heritage Evaluation Report, 162 MacKenzie Street, City of Greater Sudbury, 15 octobre 2020, p. 30-31.)).

Érigée au sud du quartier de la Haute-Ville, rue Mackenzie, l’école s’est avérée une demeure pour des milliers de jeunes francophones pendant 85 ans et des centaines de jeunes anglophones (1915 à 1923) qui y ont grandi, appris, joué, noué des amitiés, parfois pour la vie. Une demeure aussi pour des centaines d’enseignantes et d’enseignants qui y ont pratiqué et parfait leurs professions, gagné leur vie et se sont aussi liés d’amitié avec leurs collègues et même des élèves.

Ces jeunes sont devenus mères et pères de famille, travailleuses et travailleurs de divers métiers et professions et, ce faisant, ont construit la ville de Sudbury aujourd’hui devenue métropole du Nord-est de l’Ontario.

En tant qu’édifice, l’école contient une somme d’énergie intrinsèque (embodied energy) et ce à plusieurs niveaux :

  • Énergie matérielle d’abord constituée du bois, de la pierre, de la brique, du mortier, de tuyaux et fenêtres produits et transportés sur les lieux, un terrain de 3,5 acres;((Pour la construire, il a fallu 450 000 briques, 4 700 verges de plâtre et 9 000 pieds de béton. En plus de la brique fabriquée par la Sudbury Brick Company, Sudbury Plumbing and Heating a installé le système de chauffage et de ventilation; J.R. Wainwright a installé le système d’électricité et de plomberie. Le tout a été érigé par la Maison Laberge selon des plans conçus par l’architecte P.J. O’Gorman. (Archives du Grand Sudbury).))
  • Énergie physique faite du travail de plusieurs ouvriers et artisans autant dans les lieux de production des matériaux que sur le terrain de construction;
  • Énergie « mentale » constituée de tous les souvenirs des vécus au cours des 85 ans d’existence de cette demeure;
  • Énergie historique enfin car l’école s’avère un symbole et ce à plusieurs points de vue.

Ses débuts

Trente ans avant son ouverture en 1915, les pères Jésuites, fondateurs de la mission et de la paroisse Ste-Anne-des-Pins en 1883, avaient reconnu l’importance et la nécessité d’une éducation religieuse et de langue française. En effet dès 1884, ils ont établi des classes dans différents édifices du centre-ville, dont leur presbytère et leur église. La première commission scolaire catholique a été établie en 1888 pour pourvoir aux besoins éducatifs de la population catholique autant francophone que anglophone. La commission a fourni cet enseignement dans un édifice appelé Brown School, de 1895 à 1915, ainsi que dans le Jubilee Hall, de 1908 à 1915, date de l’ouverture de l’école St-Louis de Gonzague.

À ses débuts, l’école Centrale a accueilli des élèves Canadiens-français (en nette majorité) et Canadiens-anglais dans des sections différentes de l’édifice. Compte tenu de l’augmentation importante de la population des jeunes anglophones, la commission scolaire a décidé de construire une école jumelle pour ces derniers qu’elle a appelée St. Aloysius, la version latine de St-Louis. Celle-ci a ouvert ses portes en 1923, voisine de l’école Centrale, quelque 100 mètres à l’est.  

La Haute-Ville

Afin d’ériger l’édifice de l’école Centrale, la Commission scolaire a dû se porter acquéreuse du terrain de la compagnie Canadien Pacifique dans le secteur devenu la Haute-Ville. Ce quartier est l’un des plus vieux de la ville de Sudbury. Il a commencé à se développer peu après celui du centre-ville lequel a pris naissance lentement à compter de 1883 lorsque les installations de la compagnie ferroviaire, les premiers commerces et la première église Ste-Anne-des-Pins y ont établi pignon sur rue dans ce qui était au début le village de Sudbury.

Historiquement, ce village (devenu ville en 1893) faisait partie du canton de McKim.((Le canton de McKim a été incorporé en municipalité en 1884 ce qui lui a permis d’établir un conseil municipal. En 1893, la ville -town – de Sudbury a été incorporé, son premier conseil municipal établi et Étienne Fournier élu son premier maire. Il avait aussi servi comme préfet du village. Étienne Fournier a joué un rôle important dans les affaires municipales ainsi que dans les organismes canadiens-français de l’époque.))

« Devenue un village et non plus simplement un camp de construction, Sudbury occupait la portion centrale du canton où le Canadien Pacifique et les pères Jésuites étaient les principaux propriétaires fonciers. Les lots nos 5 et 6 des concessions nos III et IV constituaient le territoire du village. Le CP avait obtenu, le 7 septembre 1884, un brevet de la Couronne pour le tiers de ces propriétés, soit 475 des 1 210 acres qui constituaient ces quatre lots. En 1887, James Morris avait tracé les plans de lotissement pour les lots du CP; par conséquent la forme du futur centre-ville allait résulter de ce plan. Les pères Jésuites, pour leur part, avaient obtenu, grâce à un brevet de la Couronne octroyé au nom du père Hormidas Caron, le 28 avril 1886, 300 acres du lot no 5 concession no IV, au nord du ruisseau Nolin ».((Donald Dennie, Une histoire sociale du Grand Sudbury. Le bois, le roc et le rail, Sudbury, Éditions Prise de parole, 2017, p. 42.))

C’est dans la partie sud de ces lots nos 5 et 6 que la Haute-Ville s’est graduellement développée au début du XXe siècle et qu’elle a commencé à acquérir ses noms de rue, lesquels dénotent bien le caractère bilingue de ce quartier. Dans le secteur du Canadien Pacifique, on retrouve les rues Frood, Lansdowne, College, Mackenzie (nord-sud) et Davidson, Baker, Bloor et Patterson (est-ouest). Sur la propriété des pères Jésuites, ce sont les rues Montcalm, d’Youville, Tanguay (nord-sud), Lévis et Brébeuf (est-ouest).((Ces noms représentent soit des militaires français de la Nouvelle-France (Montcalm et Lévis) ou de personnages religieux (d’Youville et Brébeuf). Dans le secteur entourant l’église Ste-Anne-des-Pins, habitat lui aussi de familles canadiennes-française, on retrouvait des noms de rues représentant aussi des personnages religieux, soit Louis, Ignatius et Verchères.)) La partie nord du lot no 6 constitue aujourd’hui le quartier Donovan (du nom de Timothy Donovan, un fermier qui en était propriétaire) alors que dans celle du lot no 5 s’est établi le quartier Moulin-à-fleur, secteur canadien-français, au début du XXe siècle.

L’école comme symbole

Tel que mentionné ci-haut, en 1934 la Commission scolaire l’a baptisée St-Louis de Gonzague. Mais qui était donc ce personnage religieux? Il s’agit de Luigi (Aloysius) Gonzagua, de naissance aristocrate italienne, canonisé en 1726 et déclaré patron de la jeunesse catholique. Né en 1568 membre de l’illustre Maison de Gonzagua, il renonce en 1585 à tous ses droits héréditaires aristocratiques pour entrer au noviciat de la Société de Jésus à Rome. En 1591, une épidémie de peste se déclarant dans la ville sainte, les Jésuites du Collège romain se mettent au service des malades. Un témoin se souvient avoir vu Luigi porter un pestiféré sur ses épaules afin de le conduire à l’hôpital. Lui-même atteint par la peste, il en meurt le 21 juin 1591 à l’âge de 23 ans.((« Louis de Gonzague », wikipedia.org.))

En cette de pandémie de COVID-19 (2020-2021), Luigi Gonzagua sert de puissant symbole des travailleuses et travailleurs du domaine de la santé qui, comme Luigi, ont prodigué des soins aux personnes affligées par la Covid-19.

L’école est aussi symbolique en quelque sorte de la résistance des Canadiens-français qui, à compter de 1912, se sont opposés au fameux Règlement XVII promulgué par le gouvernement ontarien. Il s’agissait d’une mesure visant à restreindre l’usage du français et à faire de l’anglais la principale langue d’enseignement dans les écoles élémentaires fréquentées par des élèves franco-ontariens.

« Il limite l’enseignement du français et son usage comme langue de communication aux deux premières années du primaire ».((« Le Règlement XVII », Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française, 2004.))

Malgré la promulgation de ce Règlement (qui a été aboli en 1927 suite à des manifestations et protestations non seulement en Ontario français, surtout dans la ville d’Ottawa, mais aussi au Québec), la Commission des écoles séparées de Sudbury décide tout de même de construire l’école Centrale en 1913 pour accommoder des centaines d’élèves catholiques dont la très grande majorité était de langue française.

La résistance s’est faite différemment à Sudbury qu’en d’autres endroits de la province, surtout dans l’Est. Dans la ville du nickel, comme ailleurs dans le Nord de l’Ontario où on retrouvait des écoles élémentaires de langue française, « de 1915 à 1927, les commissaires des écoles séparées de Sudbury ont agi comme si le Règlement XVII n’existait pas ».((Michael Begley, Le Règlement XVII. Étude d’une crise, s.l., Association des enseignants franco-ontariens, 1979, p. 15.)) Les trois membres canadiens-français de la Commission (les trois autres étaient canadiens-anglais) ont fait valoir que pour que les élèves puissent apprendre l’anglais, les enseignantes et enseignants devaient communiquer en français, ce qui fut accepté sans ambages.

L’école St-Louis de Gonzague, établie dès les débuts de ce Règlement XVII, représente donc une résistance, différente certes, mais résistance quand même.

Elle est enfin un symbole en quelque sorte de la bonne entente qui existait entre Canadiens-français et Canadiens-anglais de l’époque (malgré quelques escarmouches bien sûr) comme le démontre l’étude d’André Lalonde.

« Afin de combler la pénurie d’instituteurs qualifiés pour enseigner le français dans les classes bilingues de la ville, on a décidé que chacun des deux éléments de la commission s’occuperait uniquement de la régie des classes de leur langue respective. Ainsi, les commissaires de langue anglaise ont engagé leurs instituteurs comme ils l’entendaient et les commissaires de langue française ont fait de même. Chacune des deux nationalités a exercé ses fonctions en pleine liberté ».((André Lalonde, Le Règlement XVII et ses répercussions sur le Nouvel-Ontario, Sudbury, Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques nos 46-47, 1965, p. 38.))

Conclusion

L’école St-Louis-de-Gonzague est certes un édifice fait de bois, de briques, de pierres et de mortier. Mais elle est davantage, soit une demeure ou des milliers d’élèves surtout francophones ont vécu, appris, joué, forgé des amitiés; ou des centaines d’enseignantes et d’enseignants ont pratiqué leur profession et nourri des amitiés autant avec leurs collègues qu’avec des jeunes élèves. En ce sens, cette école a été « centrale » dans la vie d’innombrables personnes de tout âge.

L’école est un symbole, en son nom d’abord, de la résistance à sa façon des Canadiens-français de la ville de Sudbury au Règlement XVII ainsi que de la bonne entente relative entre les francophones et anglophones catholiques, une bonne entente qui caractérise d’ailleurs l’histoire des relations entre les plus de 80 groupes ethnoculturels qui ont bâti la ville du Grand Sudbury. 


Donald Dennie

Natif de la région de Sudbury (Blezard Valley), Donald y a fait ses études aux niveaux primaire, secondaire (Collège du Sacré-Cœur), et postsecondaire (Université de Sudbury et Université Laurentienne). Après avoir obtenu son BA de l’Université Laurentienne, il a été journaliste d’abord au journal hebdomadaire L’Information pendant un an et ensuite au quotidien Le Droit à Ottawa pendant neuf ans. Il a obtenu sa maîtrise en Sociologie de la Carleton University en 1969 et a obtenu un poste d’enseignement à la Laurentienne en 1974. Par la suite, il a obtenu une maîtrise en Histoire de l’Université Laurentienne en 1985 et un Ph.D. en Histoire sociale de la Carleton University en 1989. Au cours de ses 36 années à la Laurentienne, Donald a été membre du département de Sociologie et a occupé plusieurs postes administratifs au sein de l’université. Il a eu le plaisir d’être l’un des six co-fondateurs de l’Institut franco-ontarien et le premier directeur de la Revue du Nouvel-Ontario. Au cours de sa carrière universitaire, il s’est intéressé tout particulièrement à l’histoire de la ville et de la région de Sudbury en publiant trois livres : La paroisse Sainte-Anne-des-Pins de Sudbury (1883-1940). Étude de démographie historique, Société historique du Nouvel-Ontario, Documents historiques no 84, 1986; À l’ombre de l’INCO. Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1981 et Une histoire sociale du Grand Sudbury. Le bois, le roc et le rail, Sudbury, Les Éditions Prise de parole, 2017.


École St-Louis de Gonzague dans le contexte du quartier Haute-Ville

1915 – 2000

Les quartiers d’une ville se distinguent par leurs traits physiques, comme le relief topographique, le tracé des rues, la végétation, et bien sûr, par les bâtiments qui s’y situent. Ils se distinguent aussi par leur histoire, leur culture, ainsi que par des attributs d’ordre sensoriel et sentimental qui ont une influence sur la vie du quartier. Nous pouvons parler du quartier de la Haute-ville de Sudbury, Sudbury Uptown, comme un lieu qui possède des caractéristiques tant physiques, que historiques, sensorielles et sociales auxquelles s’attachent ses habitants, qui se traduisent dans les rapports affectifs des personnes vers l’environnement bâti.

En effet, l’architecture de quartiers résidentiels se définit par l’ensemble de ses bâtiments, tels que maisons, édifices d’appartements et édifices publiques présents, notamment les écoles de quartier. L’édifice de l’ancienne école St-Louis de Gonzague est partie importante de l’ensemble du quartier de la Haute-ville puisqu’il concentre l’ensemble de caractéristiques physiques du secteur, en termes forme, hauteur et de matériaux constructifs, notamment l’usage de la brique, ainsi que des éléments ornementaux de style Art Déco, qui sont typiques de l’architecture des années 1930. De ce fait, il s’insère dans l’ensemble de quelques bâtiments historiques du centre-ville de Sudbury, et son importance excède l’échelle du quartier.

Le quartier de la Haute-ville de Sudbury possède un environnement bâti cohérent et harmonieux en raison des caractéristiques de sa morphologie urbaine et de son cadre bâti.

Morphologie urbaine et cadre bâti

Le quartier de la Haute-ville a été développé à la première moitié du XXème siècle, tel que mentionné dans le texte de Donald Dennie; l’on y trouve des rues tant de nom francophone qu’anglophone, en raison du caractère bilingue des groupes qui ont bâti ce secteur. Aujourd’hui, nous y trouvons des rues qui suivent le tracé planifié au début du XXème siècle, un tracé qui se défini autour de rues principales et secondaires, où l’on voit un assemblage d’une trame orthogonale de lignes droites, et de rues sinueuses, ainsi que des ruelles, afin d’accommoder le plan d’urbanisme au relief accidenté du terrain. On y trouve des rochers, des ravins, des petits boisés, ainsi que quelques rues parfaitement droites, comme la rue Mackenzie, l’un des principaux axes de circulation du quartier. Par sa localisation sur cet axe majeur de la rue Mackenzie, l’édifice de l’ancienne École St-Louis de Gonzague a une visibilité importante pour le secteur, et est l’un des premiers édifices que l’on voit, en sortant du centre-ville pour aller dans la direction du secteur Donovan. 

Il y a un équilibre entre le nombre d’édifices institutionnels présents dans le secteur et le nombre d’édifices résidentiels. Ceux-ci forment un ensemble cohérent du point formel, par l’usage d’une même palette de matériaux, ainsi que par certains aspects architecturaux : la plupart des constructions a deux étages de hauteur, des toits en pente, des portiques d’entrée, ainsi qu’une entrée secondaire, présentant aussi de multiples densités d’habitation en raison d’un mélange d’habitations individuelles, de jumelés, et d’appartements de type « maison de chambreurs ». Nous y trouvons des édifices d’appartement distribués dans le quartier, non seulement le long des axes principaux de circulation mais aussi dans les rues secondaires. En raison de ses caractéristiques architecturales, par le style et l’usage des matériaux, l’ensemble donne une perception de cohérence et d’harmonie. (Voir Figure 1.)

Figure 1 : diverses vues du secteur de la Haute-ville montrant le cadre bâti caractérisé par l’alignement des bâtiments le long des rues et à la même hauteur. Photos de l’auteur.

Figure 3. Exemples de façade ornementée à Sudbury: l’ancien hôtel-de-ville, rue Cedar. Photo de l’auteur.
Figure 3. Exemples de façade ornementée à Sudbury: église ukrainienne grecque orthodoxe rue Baker/Landsdowne. Photo de l’auteur.

En termes d’ornementation de façade, l’édifice de l’ancienne École Saint-Louis de Gonzague est relativement unique à l’échelle de la ville de Sudbury. Sa façade ornementée est d’une grande exception dans le cadre bâti de la ville, ce qui serait la raison première à cette demande de préservation. Nous pouvons la comparer à d’autres édifices comme l’ancien Hôtel de Ville (Old City Hall), l’église Ukranian Greek Orthodox Church, et le David St Water Treatment Plant (ce dernier est classé dans la liste du Patrimoine de Sudbury).  En termes de référence architecturale à l’échelle de l’architecture Canadienne, l’École Saint-Louis de Gonzague s’insère dans le courant de l’Art Déco (Figure 4), c’est-à-dire un style aux ornementations de formes géométriques épurées, commun aux œuvres d’art et d’architecture de la période entre les deux grandes guerres mondiales. Il s’agit d’un ensemble d’œuvres qu’on trouve dans la plupart des villes canadiennes, que ce soit de grande ou petite taille. L’édifice de l’École Saint-Louis de Gonzague est la preuve matérielle de l’inscription de la ville de Sudbury dans les courants artistiques mondiaux.

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Figure 4 : Ornementation de style Art Deco de l’édifice de l’École Saint-Louis-de-Gonzague. Source : http://greensudbury.blogspot.com/2009/05/sudbury-st-louis-de-gonzague-slated-for.html

À l’échelle du quartier, la façade de l’ancienne École Saint-Louis de Gonzague se compare à quelques édifices, comme l’édifice le Haddad (rue Collège, construit en 1930), et l’école Landsdowne (construite en 1929). Cependant, il est possible de voir que l’ornementation de l’École Saint-Louis de Gonzague est plus élaborée et importante que les exemples locaux de la même période. (Voir Figure 5).

Figure 5. Exemples de façades ornementées à l’échelle du quartier. Édifice Haddad, rue College. Photo de l’auteur.
Figure 5. Exemples de façades ornementées à l’échelle du quartier. Landsdowne School. Photo de l’auteur.

Le rôle de la brique dans la cohérence formelle et matérielle du cadre bâti

On trouve les déclinaisons de la brique rouge, brune et jaune dans les façades des édifices de la Haute-Ville de Sudbury. On y trouve tant surs les édifices institutionnels que sur les résidences. On peut même parler de la brique comme un matériel intemporel parce qu’on y trouve sur des édifices bâtis dans les années 1930, comme dans les années 1970 et 1990. C’est particulièrement la brique rouge que couvre la plupart des bâtiments de la Haute-Ville, comme nous pouvons voir dans la carte ci-dessous. La brique serait le matériel qui, dans toutes ses variétés, uniformise le cadre bâti du quartier comme un secteur cohérent. Elle serait le matériel de choix pour une bonne insertion dans le site, ainsi qu’elle serait à préserver pour assurer la continuité formelle du lieu. 

Carte de la Haute-Ville de Sudbury montrant la prédominance de la brique comme matériau de construction. Carte réalisée par Izabel Amaral et l’assistante de recherche Justine Dupont. Une mémoire de l’histoire de genre :  les entrées filles et garçons

Un souvenir de l’histoire du genre : les entrées filles et garçons

Il est rare que l’environnement bâti porte des traces visibles des différences de l’expérience spatiale entre les hommes et les femmes. L’absence de signes visibles n’est pourtant pas un gage que l’égalité entre les sexes était monnaie courante dans le passé. Plusieurs personnes peuvent encore témoigner du temps où garçons et filles étaient physiquement séparés à l’école : dans les salles de classes différentes et même par différentes entrées au bâtiment de l’école. Les entrées séparées pour Boys et Girls du bâtiment de l’école Saint-Louis de Gonzague sont un témoin de l’histoire de l’éducation et de l’histoire sociale canadienne. Elles doivent à tout prix être préservées (Figure 6). 

Les entrées séparées pour filles et garçons constituent un élément architectural notable de ce bâtiment, qui est traité de façon semblable à l’avant corps de la façade principale, qui se différentie du corps du bâtiment par un traitement élaboré. Ces entrées se détachent du corps principal du bâtiment, affirmant leur visibilité dans l’espace public, et dénotant en même temps le caractère symbolique et cérémonial de ces entrées par l’usage de formes et d’éléments ornementaux élaborés. 

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Figure 6. Les entrées pour filles et garçons étaient en bon état de conservation en 2009. Source : http://greensudbury.blogspot.com/2009/05/sudbury-st-louis-de-gonzague-slated-for.html


Izabel Amaral, Ph.D.